Viktor Frankl

Par Olivier Delor

VIKTOR FRANKL, neurologue et psychiatre, a survécu à l’enfer des camps de concentration nazis. Son expérience de la souffrance extrême et de l’inhumanité l’a poussé à formuler une réflexion profonde sur le sens de la vie et la résilience. À travers ses écrits, et particulièrement dans son ouvrage « Découvrir du sens à sa vie », il nous montre que le véritable pouvoir de l’homme ne réside pas dans sa capacité à fuir la souffrance, mais dans sa capacité à lui donner un sens.

Pour Frankl, même dans les situations les plus désespérées, il est possible de trouver une raison d’être. Lorsqu’on ne peut pas changer les événements, on peut toujours choisir la manière dont on y réagit. Dans l’univers concentrationnaire, il a observé que ceux qui parvenaient à survivre étaient souvent ceux qui avaient une « tâche à accomplir » après leur libération, même si cette tâche semblait dérisoire. Le sens donné à l’existence, aussi minime soit-il, devient une force intérieure qui permet de transcender l’horreur.

Son expérience montre que la souffrance, loin d’être un simple fardeau, peut se transformer en une occasion de réalisation personnelle. Frankl se souvient des moments où, malgré les conditions inimaginables, il réussissait à trouver une forme de liberté intérieure. Cette liberté n’était pas liée à la situation extérieure, mais à la possibilité de choisir sa réaction face à l’injustifiable. La capacité à donner un sens à ce qui paraît absurde devient, selon lui, la clé de la résilience. Cette idée exprime la conviction que « l’impossibilité de changer une situation nous met au défi de nous changer nous-mêmes”.

Dans sa vision de la vie, Frankl insiste également sur la responsabilité individuelle : connaître le “pourquoi” de son existence permet de supporter tous les “comment”. En d’autres termes, une personne qui sait pourquoi elle vit, pourquoi elle souffre, sera toujours plus à même de traverser l’adversité que celle qui se perd dans l’absurdité de l’existence. C’est cette responsabilité face à soi-même et envers les autres qui est, selon lui, l’ancre qui empêche de sombrer dans le vide.

À travers ses propres souffrances, Frankl nous montre qu’il n’y a pas de vie dénuée de sens, à condition de savoir comment chercher ce sens. Le sien, il l’a trouvé dans le devoir de témoigner, dans l’amour de sa femme qu’il portait en lui même en son absence, et dans la certitude que la souffrance, lorsqu’elle est inévitable, peut être transcendée si elle s’inscrit dans un but plus grand que soi. C’est pourquoi il nous invite à vivre comme si chaque jour était une “seconde chance”, un appel à réécrire notre propre histoire. En se réappropriant notre sens, même dans les moments de doute, nous pouvons trouver une force insoupçonnée pour aller de l’avant.

L’héritage de Frankl ne réside pas dans une théorie abstraite, mais dans une invitation à réagir face à l’adversité. Il nous rappelle que si nous ne pouvons pas changer le monde qui nous entoure, nous avons toujours la possibilité de changer notre regard sur lui.

Viktor Frankl – Le sens de ma vie